Dans son dernier rapport annuel, le Conseil d’orientation des retraites a réalisé des estimations pour savoir quels seront les assurés qui seront favorisés ou pénalisés par la dernière réforme.
Grâce au Conseil d’orientation des retraites (COR), on commence à avoir une idée des gagnants et des perdants de la dernière réforme des retraites. À l’occasion de la publication le 22 juin 2023 de son rapport annuel, le COR a demandé à la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) - un organisme public qui dépend des ministères de la Santé, des Solidarités et de l’Économie - une première estimation de l’impact de la réforme qui va entrer en vigueur le 1er septembre prochain.
Sans surprise, la Drees montre que les Français vont partir plus tard à la retraite. La réforme promulguée le 15 avril dernier instaure, en effet, un recul de l’âge légal (l’âge minimum de départ à la retraite) au rythme de trois mois supplémentaires par an à compter des générations nées à partir du 1er septembre 1961. L’âge légal va ainsi passer progressivement de 62 à 64 ans pour les assurés nés à partir du 1er janvier 1968.
Un départ plus tardif
En outre, la réforme de 2023 accélère le calendrier de l’allongement de la durée de cotisation (le nombre de trimestres nécessaire pour percevoir une pension sans décote) mis en place par la réforme des retraites de 2014, dite « réforme Touraine » (en référence à l’ex-ministre des Solidarités et de la Santé, Marisol Touraine). Le nombre de trimestres va être augmenté, également pour les assurés nés à partir du 1er septembre 1961, d’un trimestre par un an et non d’un trimestres tous les trois ans. Les 172 trimestres (soit 43 ans de cotisation) vont être exigés dès la génération 1965, au lieu de la génération 1973 comme prévu par la réforme Touraine.
Résultat : si les Français partent aujourd’hui en moyenne à 62,4 ans, ils devraient prendre leur retraite en moyenne à 64,3 ans en 2032 et même à 64,6 ans en 2070. Ce sont surtout les anciennes générations qui vont pâtir du report de l’âge légal et de l’anticipation des 43 ans de cotisation. Les assurés nés en 1966 vont partir en moyenne 6,9 mois plus tard, contre 6,7 mois plus tard pour ceux nés en 1970 et 6 mois plus tard pour ceux nés en 1984.
Des pensions plus élevées
Autre conséquence de la réforme : le montant des retraites va augmenter. En travaillant plus longtemps, les actifs vont acquérir davantage de points de retraite complémentaire. Leur retraite de base va également être plus conséquente, sachant qu’elle est calculée sur les 25 meilleures années de salaire et que les rémunérations sont généralement plus élevées en fin de carrière.
Comme les anciennes générations vont travailler proportionnellement moins longtemps que les nouvelles, leur progression de pension va être moindre. Alors que les retraites des assurés nés en 1966 vont augmenter de 1,2%, celles des assurés nés en 1970 et en 1984 vont croitre respectivement de 1,9% et de 2,5%.
Mais si l’on prend en compte le montant cumulé des pensions durant la retraite, les vieilles générations sont carrément perdantes. Comme ils vont passer moins de temps à la retraite qu’avant la réforme, les natifs de 1966 vont toucher, au final, 1% de pension de moins. L’opération sera neutre (0%) pour les natifs de 1970 et sera légèrement gagnante (+0,9%) pour ceux de 1984 qui devaient, de toutes façons, liquider leurs droits tardivement.
Les « grosses » retraites défavorisées
Si l’on analyse le montant des pensions cumulées par niveaux de retraite, ce seront les retraités les plus aisés qui seront les plus pénalisés. En restant moins longtemps à la retraite, leur manque à gagner sera plus conséquent que celui des retraités modestes. Ces derniers vont, en outre, bénéficier de la pension minimum à 1.200 euros par mois instaurée par la réforme des retraites pour les salariés, artisans et commerçants qui ont tous leurs trimestres et gagné le Smic durant leur carrière. Ainsi, pour la génération de 1984, les 25% des retraités qui toucheront les pensions les plus élevées vont subir une baisse de 1,1% du montant cumulé de leurs retraites, tandis que les 25% des retraités qui percevront les pensions moins élevées vont connaître une hausse de… 12% !
Source : https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2023-06/RA_2023.pdf